Les installateurs de Linky ne devraient-ils pas être des professionnels ?

Voici une annonce sur le boncoin.fr d'un sous-traitant d'ENEDIS pour le recrutement de poseurs de Linky. Experience demandée : 0 à 2 ans ! Salaire avec variable non plafonnée liée à la productivité !

Annonce de recrutement de poseur de Linky

Description de l'annonce :

Annonce de recrutement de poseur de Linky 2ème page

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Témoignage audio sur France Culture d'un poseur de Linky licencié, prendre en cours d'émission à 15'30. Extrait : " En guise de formation nous avons eu pendant des journées entières la diffusion de vidéos de c'est pas sorcier " : très bonne émission destinée aux jeunes mais certainement pas suffisante pour former des électriciens professionnels dont les actes s'ils ne sont pas conformes peuvent conduire à provoquer des incendies !

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Dans un accent occitan prononcé, il parle fort, et vite. Pour « vider son sac », comme il dit. Thierry parle de souffrance au travail, d’un rythme effréné, et d’une pression extrême. À 53 ans, cet électricien posait des compteurs Linky pour le compte d’un prestataire de service d’Enedis (ex-ERDF) dans la région d’Aix-en-Provence. Il n’a pas tenu plus d’un an.
En même temps que lui ont été embauchés vingt autres « installateurs Linky ». « Mais pas que des électriciens, hein ! lâche Thierry, amer. Il y avait des maçons, des informaticiens, ou encore des étudiants qui n’avaient jamais travaillé. »
Mais pour l’ancien salarié, le problème de base vient de la formation reçue par les nouveaux recrutés. Il en rigole tellement le contenu le désespère. « Nous n’avons pas eu de formation pratique, seulement de la théorie, pendant un mois. Comment voulez-vous que les gens fassent bien leur boulot si on ne leur explique pas les différences entre les compteurs et toutes les installations électriques possibles ? »
« Si on maintient la cadence d’une dizaine de compteurs par jour, on arrive en moyenne à 400, 500 euros bruts de prime par mois. » Une somme importante pour certains installateurs, qui s’emballent vite. C’est le cas de « M. », un autre poseur de compteurs Linky qui tient à garder l’anonymat. « La prime me faisait avancer, confie-t-il à Reporterre. J’en arrivais à un point où je posais un compteur, quoi qu’il arrive, allant même jusqu’à 18 ou 19. Que l’installation électrique soit mauvaise ou pas. »
Pourtant « M. » et Thierry l’assurent d’une même voix : en France, le réseau électrique est usé à 80 %, les erreurs de pose sont donc inévitables. « On ne peut pas faire à tous les coups du neuf avec du vieux. » Thierry raconte avoir enlevé des compteurs datant de 1957 dans la région d’Aix-en-Provence. « Parfois les fils sortent de partout, ils sont abîmés, mais on doit toujours poser le Linky. » Il envoie un jour une photo d’une installation douteuse. « Je voulais leur montrer que c’était dangereux, mais j’avais toujours la même réponse : tu poses. ».
« On nous demandait de mentir aux clients pour poser le compteur coûte que coûte s’insurge-t-il. L’un des arguments que l’on devait donner était que le compteur était bon pour l’écologie ! » Le père de famille rit aux éclats tellement l’affirmation lui semble absurde. Alors, le bon petit soldat s’est transformé en rebelle.
Poussé à bout, malheureux dans son travail, Thierry a finalement demandé une rupture conventionnelle. « Je n’en pouvais plus », lâche-t-il. Energy Dynamics l’a laissé partir en octobre 2017, en ayant payé ce qu’elle lui devait. « Un soulagement » pour l’électricien, aujourd’hui au chômage. « Linky m’a bousillé, je n’arrive plus à faire confiance à personne, je ne peux travailler qu’en intérim. Les grosses boîtes, c’est fini. » Quant au déploiement des compteurs Linky, Thierry suit le sujet de près. Il a d’ailleurs refusé son installation chez lui. « Mais ils l’ont posé pendant mon absence, en profitant de ma mère, qui était malade. »